L’inconfort (Olivier Dekens)
Par S. Robert • 19 avr, 2013 • Catégorie: Plan Académique de Formation, Textes des conférences •Dans le cadre du stage consacré à la morale, qui s’est déroulé à l’université François Rabelais de Tours les 21 et 22 mars 2013, Olivier Dekens, professeur en CPGE au au Lycée Guist’hau de Nantes, s’est interrogé sur la possibilité de la philosophie morale à partir de Lévinas et Derrida. Il a eu l’amabilité de nous transmettre le texte de sa conférence. Qu’il en soit vivement remercié.
L’inconfort
Lévinas, Derrida et la possibilité de la philosophie morale
Conférence pour la Formation Continue Versailles-Orléans-Tours 2013
1. Situations de la philosophie morale
Wittgenstein, dans sa conférence sur l’éthique, rapporte l’épisode suivant :
« Supposons que, si je savais jouer au tennis, l’un d’entre vous, me voyant jouer, me dise : « vous jouez bien mal », et que je lui réponde : « je sais que je joue mal, mais je ne veux pas jouer mieux », tout ce que mon interlocuteur pourrait dire serait : « ah bon, dans ce cas, tout va bien « . Mais supposez que j’aie raconté à l’un d’entre vous un mensonge extravagant qu’il vienne me dire : « vous vous conduisez en goujat » et que je réponde : « je sais que me conduis mal, mais de toute façon, je ne veux aucunement mieux me conduire », pourrait-il dire alors : « ah bon, dans ce cas tout va bien » ? Certainement pas : il dirait : « eh bien, vous devez vouloir mieux vous conduire » (Ludwig Wittgenstein, Leçons et conversations, Paris, Folio-Gallimard, 1992, p. 144).
Avec la concision de son style, Wittgenstein isole ici ce qui sera le principe de notre réflexion, en même temps que l’objet véritable de toute philosophie morale. On peut bien entendu donner un soubassement ontologique fort diversifié à ce fait curieux qu’il y a, dans la réalité, place pour quelque chose comme un devoir. On peut aussi tenter de lier cette obligation à ses conséquences politiques, à ses implications religieuses ou à ses effets sociaux. On peut enfin, comme le fait la philosophie analytique contemporaine, s’en tenir à l’étude du langage que l’on emploie dans le domaine de l’action, sans porter de jugement de valeur sur les actes eux-mêmes. Mais au-delà de ces légitimes orientations, il faut bien reconnaître qu’en leur principe elles acceptent toutes comme une donnée immédiate de la conscience la présence d’une forme de prescription non-déductible immédiatement de l’objectivité des faits. […]
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S. Robert est professeur au Lycée Grandmont (Tours)
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