Philosophie

Site disciplinaire des professeurs de philosophie de l’académie d’Orléans-Tours

17-18 mars : stage sur le vivant (Tours)

Par • 19 fév, 2014 • Catégorie: Actualité, Agenda, Plan Académique de Formation

 

Lieu : Université François Rabelais, rue des Tanneurs, Tours

 

Lundi 17 mars

Matin : Olivier Brosseau (9h30-12h30, BU, 5ème étage)

Docteur en biologie, spécialisé en édition et en communication scientifique

« Les créationnismes de part et d’autre de l’Atlantique »

 Le mot « créationnisme » apparaît à la fin du 19e siècle pour désigner des mouvements anti-évolutionnistes nés dans des Églises évangéliques du sud des États-Unis. Ces oppositions se sont développées parallèlement à l’acceptation de plus en plus large, au sein de la communauté scientifique, de la théorie de l’évolution proposée en 1859 par le naturaliste Charles Darwin (1809-1882) et à sa diffusion dans la société. Au fil de décennies, le créationnisme s’est diversifié, depuis les positions strictement anti-évolutionnistes jusqu’à des approches très sophistiquées qui brouillent intentionnellement la frontière entre science et religion pour imposer leur vision religieuse du monde dans la société.

Au-delà de leur diversité contemporaine, tous les créationnismes se caractérisent par leur volonté de réintroduire une transcendance dans l’explication scientifique du monde réel et de son origine pour justifier une vision du monde conforme à certains dogmes religieux. Leur démarche est donc politique. Très organisés et médiatisés aux États-Unis, ils sont souvent considérés comme un problème essentiellement nord-américain. Pourtant, l’Europe – y compris la France – est concernée par divers mouvements créationnistes. Le Conseil de l’Europe s’en est d’ailleurs inquiété en 2007 dans un rapport intitulé « Les dangers du créationnisme dans l’éducation ».

L’enquête réalisée contribue donc à déconstruire certaines idées reçues qui sont encore très répandues dans les médias et dans l’opinion de la majorité des Français à propos du créationnisme. En définitive, il ressort que la problématique du créationnisme est à la croisée de questions sociétales majeures, comme le rôle politique des religions, la privatisation de l’enseignement et la place de la science dans une démocratie.

Bibliographie :

  • Cyrille Baudouin et Olivier Brosseau, Enquête sur les créationnismes. Réseaux, stratégies et objectifs politiques (Préface de Guillaume Lecointre), Belin, 2013.
  • « Cette étrange fondation Templeton », O. Brosseau et C. Baudouin, dans Les dossiers de La Recherche, « Dieu et la science », 48, avril 2012.
  • « Évolutionnisme(s) et créationnisme(s) », O. Brosseau et M. Silberstein, dans Les mondes darwiniens : l’évolution de l’évolution, T. Heams, P. Huneman, G. Lecointre, M. Silberstein (dir.), Éditions Matériologiques, 2011 (nouvelle édition revue et augmentée). Pour en savoir plus : http://www.materiologiques.com/Les-mondes-darwiniens-L-evolution
O.Brosseau_polycopié_créationnismes+EM_mars2014 (8 Mo)

Après-midi : Francesca Merlin (14h-17h, salle 80)

Chargée de recherche (CR2) à l’IHPST (CNRS). Elle vient de publier Mutations et aléas. Le hasard dans la théorie de l’évolution, chez Hermann.

 « L’évolution au-delà de l’hérédité génétique : analyse multidimensionelle d’un changement scientifique »

La récente prise en compte de plusieurs mécanismes d’hérédité non génétique (dits épigénétiques, parentaux, écologiques et culturels) remet en cause la vision traditionnelle d’une hérédité uniquement génétique, au cœur de la « Synthèse Moderne », cadre théorique actuel de la biologie évolutionnaire. Dans quelle mesure une telle remise en cause entraîne-t-elle un véritable bouleversement des fondements de ce cadre théorique ? Répondre à cette question requiert d’analyser plusieurs dimensions (conceptuelle, épistémologique, méthodologique) de la transformation que connaissent aujourd’hui les sciences de l’évolution. Notre intervention se concentrera sur les changements que les avancées récentes dans l’étude de l’hérédité non génétique entraînent en matière de concepts (en particulier, les concepts d’hérédité, d’information, d’évolution et de variation aléatoire). Nous les examinerons en essayant de mettre en évidence l’impact de ces changements sur les principes explicatifs et prédictifs de biologie de l’évolution, ainsi que sur les méthodes théoriques et expérimentales mobilisées dans ce cadre. Nous tâcherons ensuite à évaluer l’impact de ces changements divers sur la théorie de l’évolution dans son ensemble afin de saisir la nature et la portée de sa transformation actuelle.

 Bibliographie

  • L’hérédité sans gènes. Comment l’environnement rebat les cartes, Dossier Pour la Science, Hors-Série, Octobre-Décembre 2013.
  • Danchin E, Charmantier A, Champagne FA, Mesoudi A, Pujol B, Blanchet S (2011), Beyond DNA: Integrating inclusive inheritance into an extended theory of evolution, Nature Reviews Genetics, 12: 475-486.
  • Mameli M (2005), The inheritance of features, Biology and Philosophy, 20: 365-399.
  • Merlin F (2010), On Griffiths and Gray’s concept of expanded and diffused inheritance’, Biological Theory (Barberousse A, Merlin F & Pradeu T (dir.) “Developmental Systems Theory, Thematic Section”), 5(3): 206-215.
  • Pigliucci M (2009), Avons-nous besoin d’une « synthèse évolutive étendue » ?, dans T Heams et al (dir.), Les Mondes darwiniens. L’évolution de l’évolution, Paris : Syllepse.
  • Pigliucci M et Müller GB (eds.) (2010), Evolution: The Extended Synthesis, Cambridge, Massachusetts: The MIT Press.

A écouter : « Le jeu du hasard et des mutations dans l’histoire des vivants » (émission du 3 février 2014 de   « Continent Sciences » sur France Culture). Avec F. Merlin et Jean Gayon

 

Mardi 18 mars

Matin : Etienne Bimbenet (9h30-12h30, Amphi 2 « Claude Doubinsky »)

Maître de conférences à l’université Jean Moulin (Lyon 3)

« L’homme, un vivant spécifique ?»

C’est un fait d’époque: notre sensibilité à l’égard des animaux s’affine, tendant à les intégrer toujours plus étroitement au cercle de la considération morale. Les défenseurs de la « libération animale » (P. Singer) ou du « droit des animaux » (T. Regan) entendent fonder cette intégration sur l’exhibition de capacités mentales communes aux hommes et aux animaux, comme la sensibilité (sentience) ou le fait d’être « sujet d’une vie ». Une telle stratégie s’appuie, corrélativement, sur la révocation d’un propre de l’homme réputé cautionner notre maltraitance ancestrale de l’animal. Est-ce la bonne manière de faire? On tentera de défendre ici une approche différente, assumant une forme d’anthropocentrisme dont on montrera qu’il est constitutif de notre rapport à l’animal. Bien loin de nous pousser à renier le propre de l’homme, le respect de l’animal commence au contraire par une considération sérieuse de ce propre. Ce n’est pas seulement qu’un respect de vérité commence par la connaissance précise de ce que sont et l’homme et l’animal; c’est en outre que l’attachement de l’homme à lui-même et à ce qu’il s’attache représente en réalité le seul fondement possible d’une communauté sincère.

 Bibliographie :

  • Nature et humanité. Le problème anthropologique dans l’oeuvre de Merleau-Ponty, Vrin, 2004

L’animal que je ne suis plus: philosophie et évolution, Gallimard, Folio-Essais, 2011

 

 

Après-midi : Maël Lemoine (14h-17h, BU, 5ème étage)

Maître de conférences à l’université de Tours.

« la maladie est-elle un concept biologique?  »

Trente ans après Le normal et le pathologique, de Canguilhem, le débat sur la nature de la santé et de la maladie a connu un rebondissement inattendu. Alors que Canguilhem maintenait unis les deux versants du concept de maladie, biologique et axiologique, la solution qu’il proposait éclate et deux camps naissent : d’un côté, les naturalistes, pour qui « maladie » désigne un fait naturel d’abord, de l’autre, les normativistes, pour qui « maladie » désigne essentiellement un état jugé indésirable. Le camp normativiste est aujourd’hui largement dominant, et pourtant, une poignée de philosophes persistent à considérer le concept de maladie comme essentiellement scientifique. Leur position est-elle défendable ?

Bibliographie:

E. Giroux, M. Lemoine (éd.), Philosophie de la médecine: santé, maladie, pathologie, Vrin, Paris, 2012.

est professeur au Lycée Grandmont (Tours)
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