Philosophie

Site disciplinaire des professeurs de philosophie de l’académie d’Orléans-Tours

15-16 mai : Stage « Lire Platon » (Orléans)

Par • 7 mai, 2014 • Catégorie: Actualité, Agenda, Plan Académique de Formation

Lieu : Orléans (Lycée Pothier)

 

Jeudi 15 mai

Matin : Emmanuelle Rousset, professeur en CPGE

« La vérité consiste-t-elle en un jugement? »

Le propos sera centré sur l’examen de la deuxième hypothèse du Théétète: « la connaissance, c’est l’opinion vraie » (187a-201c).

On sait que Socrate réfute la première hypothèse du Théétète (la connaissance, c’est la sensation), mais il finit aussi par rejeter une thèse souvent retenue dans l’histoire de la philosophie (notamment par Kant), selon laquelle la vérité articule les termes d’une assertion. Cette tentative de définition est l’occasion d’examiner les difficultés relatives à l’existence d’une proposition fausse. Comment le faux, qui n’existe pas puisqu’il n’est pas vrai, peut-il en même temps exister? Cette question sera relancée dans le Sophiste. Il est étrange que pour sauver la vérité il faille éviter l’omnipotence de la vérité. Si la connaissance n’est ni la sensation ni le jugement vrai, nous chercherons quelle conception de la vérité peut bien se dessiner derrière les apories de ce dialogue.

Quelques suggestions de lecture :

  • Théétète, traduction et présentation par Michel Narcy, GF
  • Platon, l’amour du savoir, coordonné par Michel Narcy, PUF
  • Platon, Monique Dixsaut, chapIII savoir et chap V autour du Sophiste, Vrin
  • Les Intermittences de l’être, lecture du Sophiste de Platon, Emmanuelle Rousset, Verdier

 

Après-midi : Alain Séguy-Duclos, université de Tours

« Introduction à la lecture du Parménide de Platon »

Notre hypothèse de lecture sera que Platon opère, dans le Parménide, une étude systématique des limites constitutives de l’ontologie. Nous partirons de la critique sophistique de l’ontologie parménidienne, opérée dans le traité Du non-être de Gorgias et nous montrerons que la structure de la dialectique du Parménide correspond à une systématisation de cette critique. Cette dialectique peut alors être interprétée comme un débat entre un tenant de l’ontologie, qui propose des modèles ontologiques de plus en plus complexes (le philosophe) et un adversaire de l’ontologie qui critique ces modèles les uns à la suite des autres (le sophiste). Se pose alors le problème de la forme aporétique finale de cette dialectique. La solution standard – cette forme aporétique serait résolue dans la dialectique ultérieure du Sophiste – ne peut tenir, car le modèle ontologique du Sophiste est déjà envisagé et critiqué dans une étape de la dialectique du Parménide. Il nous faudra donc nous demander si cette forme aporétique finale peut être surmontée dans le cadre interne de la dialectique du Parménide… comme c’est généralement le cas dans les dialogues de Platon.

Bibliographie sommaire

– Sur les sophistes :

Les Présocratiques, éd. établie par Jean-Paul Dumont, Paris, Gallimard, Pléiade, 1988, p. 979-1178.

– Sur Platon :

Éditions et/ou traductions :

Platonis, Parmenides, dans Platonis Opera, t. III, Ioannes Burnet, Oxford University Press, 1901.

Platon, Œuvres complètes, VIII, 1, Parménide, texte établi et traduit par Auguste Diès, Paris, Les Belles Lettres, 1923. Réédité dans la collection Tel Gallimard (avec une traduction du Sophiste et du Théétète), 1991.

Commentaires en langue française du Parménide :

Jean Wahl, Étude sur le Parménide de Platon, 1926. Réédition, Paris, Vrin, 1951.

Alain Séguy-Duclot, Le Parménide de Platon, Paris, Belin, 1998.

Vendredi 16 mai

Matin : Dimitri El Murr, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Institut Universitaire de France

« Amitié, communauté politique et hiérarchie sociale dans la cité idéale de la République »

Au livre II de sa Politique (ch. 2 à 5), Aristote critique sévèrement le système politique et social construit par Platon dans sa République. Parmi les critiques qu’il développe, il en est une qui est particulièrement intéressante, et forte, mais peu analysée par les commentateurs : Aristote soutient en effet que les mesures communautaires de Rép. V ont pour effet de produire une « amitié (philia) diluée » entre les Gardiens, alors même que le but de Socrate est de constituer une classe d’hommes et de femmes parfaitement unie et harmonieuse.

Les objections d’Aristote sont-elles dirimantes ? Je voudrais m’intéresser à la façon dont Platon pense les rapports d’amitié (philia) entre les citoyens de la cité idéale, ce qui nous amènera

1) à relire le processus de l’éducation décrit dans les livres II-III sous l’angle de la constitution des liens affectifs entre citoyens,

2) à interroger autrement la fonction du Noble mensonge et plus généralement le rôle de l’idéologie dans la République

3) à voir que la hiérarchie imposée à tous les citoyens de la cité idéale passe par une refonte des rapports sociaux et des liens que les individus entretiennent à la communauté politique.

La question essentielle sera donc celle de savoir si l’amitié est possible entre les citoyens de Kallipolis et si oui, de quelle amitié il s’agit et à quelles conditions elle peut naître et être entretenue.

La bibliographie sur ce thème est quasi inexistante, pour des raisons qui seront expliquées.

L’essentiel est de bien avoir en tête Rép. II à V, mais je proposerai aussi, si j’en ai le temps, un détour par les Lois (Lois VIII, 835-837 est un passage important pour la conception platonicienne de l’amitié).

Quelques éléments bibliographiques :

  • El Murr, D. (2012), « L’amitié (philia) dans le système social de la République », Revue philosophique de Louvain, 110, n°4, p. 587-604.
  • Fraisse, J.-C. (1974), Philia. La notion de l’amitié dans la philosophie antique. Paris, Vrin.
  • Foucault, M. (1984), Histoire de la sexualité, II : L’Usage des plaisirs. Paris, Gallimard.
  • Sur l’amitié dans la philosophie antique et au-delà :
  • El Murr, D. (2001), L’Amitié, choix de textes avec introduction, commentaires et glossaire. Paris, GF-Flammarion.

Après-midi : Fulcran Tesserenc, Professeur en CPGE au lycée H. Poincaré de Nancy

« L’image et la question du non-être chez Platon à partir du Sophiste »

Je rappellerai tout d’abord pourquoi l’image intéresse Platon en pointant sa fonction heuristique : outre sa valeur paradigmatique pour penser le rapport du sensible à l’intelligible, elle sert aussi à examiner analogiquement les puissances du langage, que ce soit celui du poète, du sophiste ou du philosophe.

Je procéderai ensuite à un examen rapide des définitions du sophiste, dans le dialogue du même nom, en montrant qu’elles conduisent à mettre en évidence un problème ontologique qui est aussi celui de l’image : paraître quelque chose et ne pas l’être, difficulté qui rejoint celle du discours faux, qui dit quelque chose sans dire le vrai. Mais ce parallèle n’est pas une identité, et il semblerait que Platon (ou l’Étranger) ait cédé à quelque glissement métaphorique abusif en rangeant le sophiste parmi les imitateurs fabricants d’images.

Je tâcherai enfin de justifier cette classification en précisant le rôle déterminant et structurant du non-être, dont l’approche développée dans le dialogue constitue une innovation spéculative de la pensée platonicienne. Nous verrons que l’exploration de la forme du non-être permet d’éclairer ce que fait le sophiste, ou plutôt ce qu’il ne fait pas, puisque son discours exclut d’y faire référence, à l’instar de l’image elle-même.

Bibliographie :

 1. Textes :

  • Le Sophiste, éd. et trad A. Diès, Les Belles Lettres, nombreuses rééditions, Paris (ou Le Sophiste, trad. N. Cordero, GF, 1993, Paris)
  • La République, trad. P. Pachet, Folio, 1996, Paris  (notamment livre X, 595a-605c)

 2. Littérature secondaire :

  • Dixsaut Monique, « La dernière définition du sophiste, Sophiste, 265 b-268 d », dans M. Dixsaut, Platon et la question de la pensée, Paris, Vrin, 2000, p. 271-309.
  • ––, « La Négation, le Non-être et l’Autre dans le Sophiste », dans M. Dixsaut, Platon et la question de la pensée, Paris, Vrin, 2000, p. 225-270.
  • O’Brien Denis, Le Non-Être, Deux Études sur le Sophiste de Platon, Sankt Augustin, Academia Verlag, 1995.
  • Teisserenc Fulcran, « Consonnes et voyelles : les fonctions de l’Être et de l’Autre dans le Sophiste (251a-259e) de Platon », Dialogue, Canadian Review of Philosophy, XLVI, II, 2007, p. 1-34.
  • ––Langage et image dans l’œuvre de Platon, Paris, Vrin, 2010.
  • ––, Le Sophiste de Platon, Paris, PUF-Cned, 2012.
  • Villela-Petit Maria, « La question de l’image artistique dans le Sophiste », dans P. Aubenque (dir.), Études sur le Sophiste de Platon, recueillies par M. Narcy, Napoli, Bibliopolis, 1991, p. 53-90.

 

est professeur au Lycée Grandmont (Tours)
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