Stage sur la culture : 18-19 janvier 2010, Tours
Par S. Robert • 4 sept, 2009 • Catégorie: Agenda, Plan Académique de Formation •DISPOSITIF « Leçons & exercices PHILOSOPHIQUES »
Dans la classe, où les élèves sont invités à exercer, en commun avec leur professeur, une réflexion instruite, trouvent à s’investir les connaissances acquises dans la lecture et la méditation des philosophes.
Avec La culture, nous poursuivons l’étude des notions récemment entrées dans les programmes, ici de toutes les séries.
Un nouveau stage s’ajoute cette année aux Journées consacrées aux auteurs et aux notions. Intitulé « Pratiques philosophiques », il a pour but d’offrir un espace supplémentaire de réflexion et d’échange sur le métier de professeur de philosophie.
Etude d’une notion : LA CULTURE — Code 09A0182921 Module n°16868
LUNDI 18 JANVIER 2010
Matinée (9h30-12h30)
« Culture et humanités », Laurent GERBIER, Université de Tours
La culture est d’abord une métaphore, une licence poétique que s’autorise Cicéron dans un célèbre passage des Tusculanes (« un champ, même fertile, ne peut porter de fruit sans culture, et il en va de même pour un esprit sans savoir », Tusc. II, 13). Comment, à partir de cette métaphore, est-il possible de comprendre la culture comme le processus même par lequel l’homme travaille à sa propre perfection ? Cette question est au cœur de la démarche des humanistes qui, reprenant l’idée cicéronienne de studia humanitatis (études d’humanité), font de l’humanité un projet sans cesse ouvert devant les hommes, et dont la culture constitue le moteur. A travers l’étude de certaines des positions des grands humanistes de la Renaissance (Dante, Pétrarque, Erasme, Montaigne), on tâchera de comprendre de quelle manière l’idée même de culture comporte une redéfinition profonde de l’idée de nature humaine.
un petit recueil de textes ainsi qu’une brève bibliographie sont disponibles au format PDF : Textes, Bibliographie.
Après-midi
« Nietzsche, philosophie et culture », Patrick WOTLING, Université de Reims
Cette conférence se propose d’interroger le sens de la caractérisation nietzschéenne du philosophe comme médecin de la culture, et par là de la substitution de la problématique de la culture à la problématique de la vérité. Elle indiquera comment la notion de culture, opposée à la formation intellectuelle, révèle les limitations d’une compréhension théorique de sa tâche, tout en évitant la superficialité du relativisme descriptif, mais aussi la nécessité de repenser le statut du pratique. Elle établira enfin en quoi l’irruption d’une perspective axiologique permet de comprendre le caractère double de l’activité philosophique, et le lien entre ses deux moments, généalogique et créateur.
Patrick WOTLING est notamment l’auteur de Nietzsche et le problème de la civilisation (PUF) et La philosophie de l’esprit libre, Introduction à Nietzsche (Champs-Flammarion).
MARDI 19 JANVIER 2010
« Cassirer et la philosophie de la culture », Christian BERNER, Université de Lille
De la Philosophie des formes symboliques (1923-1929), caractérisée dans la Logique des sciences de la culture comme des « prolégomènes d’une future philosophie de la culture », à l’Essai sur l’homme (sous-titré : Introduction à une philosophie de la culture humaine [1944]), la philosophie de Cassirer prend progressivement conscience d’elle-même comme réflexion sur la culture. Nous en esquisserons les grandes lignes à partir du contexte historique de la question des sciences de la culture, nous retracerons la méthode transcendantale mise en œuvre dans la Philosophie des formes symboliques, avant d’en venir à la transformation de la philosophie en anthropologie. Les perspectives épistémologiques rencontreront la dimension éthique de la pensée de Cassirer, notamment dans sa discussion de Simmel et sa critique de Heidegger, permettant de dégager les implications du concept de culture dans le prolongement de l’idéalisme critique. Pour l’étayer, nous aurons recours à des formes spécifiques comme le langage, le mythe, la technique.
Le texte intégral de la communication est disponible : Cassirer et la philosophie de la culture (PDF)
Bibliographie succincte :
Œuvres de Cassirer :
Cassirer, Ernst, Philosophie des formes symboliques, (3 vol.), tr. O. Hansen-Love, J. Lacoste et Cl. Fronty, Paris, Minuit, 1972.
Cassirer, Ernst – Heidegger, Martin, Débat sur le Kantisme et la philosophie (Davos, mars 1929) et autres textes de 1929-1931, tr. fr. P. Aubenque et J.M. Fataud, Paris, Beauchesne, 1972.
Cassirer, Ernst, Essai sur l’homme, tr. N. Massa, Paris, Minuit, 1975, pp. 43-44.
Cassirer, Ernst, L’idée de l’histoire. Les inédits de Yale et autres écrits d’exil, trad. fr. F. Capeillères, I. Thomas, Paris, Cerf, 1988.
Cassirer, Ernst, Logique des sciences de la culture, tr. J. Carro et J. Gaubert, Paris, Cerf, 1991.
Cassirer, Ernst, Eloge de la métaphysique. Axel Hägerström. Une étude de la philosophie suédoise contemporaine, trad. fr. J. Carro et J. Gaubert, Paris, Cerf, 1996.
Cassirer, Ernst, Trois essais sur le symbolique, trad. fr. J. Carro et J. Gaubert, Paris, Cerf, 1997
Cassirer, Ernst, Liberté et forme, trad. fr. J Carro, M. Willmann-Carro et J. Gaubert, Paris, Cerf, 2001.
Commentaire introductif : Joël Gaubert, « Fondation critique ou fondation herméneutique des sciences de la culture ? », dans Ernst Cassirer, Logique des sciences de la culture, Paris, Cerf, 1991, pp. 9-72.
Après-midi
« Comparer les cultures : l’anthropologie transformationnelle de Lévi-Strauss », Gildas SALMON, Université Paris I
A partir du concept de transformation, développé par Lévi-Strauss dans l’étude des mythes, nous essaierons de comprendre en quoi la démarche comparative propre à l’anthropologie peut contribuer à éclairer le fonctionnement de l’esprit humain. Les transformations désignent d’abord une méthode comparative pour l’anthropologue : aux yeux de Lévi-Strauss, l’objet de l’ethnologie n’est pas tant de connaître chaque société humaine dans sa singularité que d’analyser les écarts différentiels qui séparent les cultures, afin de montrer que ceux-ci s’organisent en systèmes. Toutefois, ces relations de transformation ne sont pas construites artificiellement par l’ethnologue : Lévi-Strauss avance l’hypothèse qu’elles permettent d’accéder aux opérations intellectuelles qui sont au fondement des mythes et des institutions qu’il analyse. Ce point est particulièrement clair dans l’étude des mythes, puisque Lévi-Strauss affirme que c’est en traduisant et en transformant les récits de sociétés voisines que les membres d’un groupe construisent leurs propres mythes. C’est ce lien entre l’épistémologie de l’anthropologie et une théorie de l’esprit profondément originale – dans la mesure où à l’inverse de la tradition romantique, l’esprit y est saisi non pas à l’intérieur d’une culture mais entre les cultures – que nous nous efforcerons d’élucider.
Auteur d’une thèse intitulée Logique concrète et transformations, philosophie et anthropologie dans l’œuvre de Claude Lévi-Strauss, Gildas SALMON a publié dans diverses revues (Cahiers philosophiques, Klésis, Philosophie (Minuit), Organon, Incidence…] ainsi que dans plusieurs ouvrages collectifs (Abécédaire de Lévi-Strauss, dir. J-P Cazier, Paris, Editions Sils Maria, janvier 2008, Les Raisons du sens, dir. Jocelyn Benoist & Gaetano Chiurazzi, à paraître à l’automne 2009).
S. Robert est professeur au Lycée Grandmont (Tours)
Email à cet auteur | Tous les Articles par S. Robert