21/01 : Filmophilo — L’impossible Monsieur Bébé, d’Howard Hawks (19h45)
Par S. Robert • 21 déc, 2013 • Catégorie: Actualité, Agenda •Lieu : cinéma Studio à Tours
Projection suivie d’une analyse philosophique par Hugo Clémot (professeur au lycée P-L Courier) :
Il pourrait sembler naturel en France d’aborder philosophiquement L’impossible M. Bébé (Howard Hawks, 1938) à l’aide des concepts définis par Bergson dans son étude fameuse de la signification du comique tant on peut y retrouver « les artifices usuels de la comédie, la répétition périodique d’un mot ou d’une scène, l’interversion symétrique des rôles, le développement géométrique des quiproquos, et beaucoup d’autres jeux encore1… »
C’est pourtant à partir des réflexions de Wittgenstein sur ce que c’est que suivre une règle que l’exposé voudrait montrer comment « [u]n film américain, bête et naïf, peut, malgré toute sa bêtise, et même grâce à elle, nous apprendre quelque chose2. » En tant qu’il exprime un certain scepticisme dirigé contre le langage, le film a en effet des vertus prophylactiques. Cependant, dans la mesure où ce scepticisme provient en partie d’une certaine conception du langage, elle-même solidaire d’une certaine conception du mariage, la lecture philosophique du film peut aussi constituer un exercice spirituel relevant du perfectionnisme moral dont Stanley Cavell a révélé l’existence à partir de son étude du genre de la « comédie du remariage3 », un genre qui compte L’impossible M. Bébé parmi ses membres éminents.
1 Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique, Paris, PUF, 1975 (1900), p. 27-28
2Wittgenstein, Remarques mêlées, trad. fr. G. Granel, Paris, GF Flammarion, 2002 (1984), p. 124.
3 Stanley Cavell, À la recherche du bonheur, trad. fr. C. Fournier et S. Laugier, Paris, Les cahiers du cinéma, 1993.
S. Robert est professeur au Lycée Grandmont (Tours)
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